Le cinéma colombien : Chiffres, coupes budgétaires et nouveaux défis

Écrit par Bíbata Uribe

Production - Programmation | Le Chien qui aboie - El Perro que ladra

Paris, Octobre 2024

En pleine préparation de notre festival, deux documents clés essentiels pour comprendre la situation actuelle du cinéma en Colombie ont été publiés. Sans surprise, ces informations nous frappent de plein fouet et suscitent une inquiétude légitime. Ils révèlent les tensions et les défis qui, malgré quelques signes de redressement, continuent d’ébranler un secteur marqué par des incertitudes structurelles.

Le premier document est la newsletter CINE EN CIFRAS, Édition 26 de Proimágenes Colombia, publié en avril 2024, qui offre une analyse détaillée de l’industrie en 2023. Basé sur les données du Sistema de Información y Registro Cinematográfico (SIREC) et de CADBOX, gérées par l’Association Colombienne des Distributeurs de Films Cinématographiques (ACDPC), ce bulletin dessine un secteur qui, bien que montrant des signes de reprise, continue à faire face aux conséquences de la pandémie.

Le second document est une lettre du Consejo Nacional de las Artes y la Cultura en Cinematografía (CNACC) (Conseil national des Arts et de la Culture cinématographique) adressée aux membres du secteur. Le Fondo para el Desarrollo Cinematográfico (FDC) (Fonds pour le développement du cinéma) y présente les décisions prises après avoir analysé le comportement de l’industrie, y compris des ajustements aux subventions pour les projets en cours et une restructuration des ressources disponibles.

Parlons chiffres, car ils semblent être le baromètre qui définit désormais la « santé » du secteur. Par rapport à l’année précédente, en 2023, la fréquentation des salles a augmenté de 27,7 %, atteignant 53,87 millions de spectateurs. Toutefois, ce chiffre reste largement inférieur au pic de 2019, avant la pandémie, lorsque 20 millions de spectateurs supplémentaires s’étaient rendus au cinéma. Bien que cette croissance soit encourageante, elle n’est pas homogène : Barranquilla et Bucaramanga ont mené la hausse, tandis que Bogotá, la capitale, n’a montré qu’une légère amélioration. Il semble que le grand écran ait perdu de son éclat, remplacé par le règne des écrans domestiques et des plateformes de streaming mondiales.

Dans ce contexte contrasté, le cinéma colombien a connu des succès et des échecs. Avec 72 sorties en 2023, il a battu un record, mais la réalité du box-office est décevante : seulement 636 195 spectateurs ont choisi de voir des productions nationales. En revanche, les méga-productions hollywoodiennes ont accaparé 93 % des recettes, confirmant que l’industrie mondiale continue d’écraser l’industrie locale.

Le cinéma colombien progresse en dépit de conditions défavorables. Les 7 milliards de pesos (environ 1,6 million d’euros) générés par les productions nationales en 2023 reflètent la fragilité d’une industrie qui survit grâce à la contribution des prélèvements fiscaux collectés via la billetterie par le biais du Fondo para el Desarrollo Cinematográfico (FDC), sa principale bouée de sauvetage, qui a apporté 39,776 milliards de pesos (équivalent à environ 9 millions d’euros). Ces fonds ont été essentiels pour maintenir en vie une production artistique locale qui, jour après jour, lutte pour ne pas succomber face à la machine implacable du divertissement mondialisé.

L’année 2023 a laissé de nombreuses questions en suspens. Quel type de cinéma le public recherche-t-il aujourd’hui et comment pouvons-nous atteindre ce public ? Comment nos récits peuvent-ils tenir tête à l’avalanche de super-héros et de spectacles d’effets spéciaux? La réponse ne se trouve peut-être pas dans les chiffres, mais dans l’héritage audiovisuel que nous avons en tant que pays. Une culture du petit écran et du divertissement, omniprésente et insidieuse, a progressivement modelé nos attentes, imposant un récit dominant dont il semble difficile de s’extraire. Cette narration, diffusée à grande échelle, crée un cadre fermé où le spectacle prime sur la réflexion, et où les images reproduisent inlassablement les mêmes schémas. Dans ce contexte, les efforts de notre association pour proposer des œuvres de qualité, capables de briser ce moule et de résonner sur la scène internationale, prennent une dimension considérable. Offrir une alternative, une autre vision du monde à travers le cinéma, représente à la fois un défi incontournable et une nécessité impérieuse.

En septembre 2024, le Consejo Nacional de las Artes y la Cultura en Cinematografía (CNACC) a annoncé des ajustements significatifs. En raison de la baisse de la fréquentation des salles et de la diminution des recettes qui en découle, le budget du FDC sera réduit de 3,465 milliards de pesos (équivalent à environ 796 950 euros), soit 9 % de moins que le montant initialement approuvé. Et notre festival sera bien sûr touché : l’aide destinée à la présentation des œuvres sur des scènes internationales a été réduite de 40 %. Dans ce contexte, nous nous trouvons affaiblis, sachant que la présence des équipes de films est un pilier fondamental pour insuffler vie et profondeur à notre événement.

Tout comme le pays, le cinéma colombien persiste. Les histoires qu’il nous content continuent de voyager, à la recherche d’un public, ici ou ailleurs dans le monde, qui croit encore au pouvoir de transformation de l’expérience cinématographique.


El cine colombiano: cifras, recortes y nuevos desafíos 

En plena preparación de nuestro festival, llegaron dos documentos clave para comprender la situación actual del cine en Colombia, lo cual, como era de esperar, nos impacta y preocupa profundamente.

El primero es el boletín CINE EN CIFRAS, Ed. 26 de Proimágenes Colombia, publicado en abril de 2024, que ofrece un análisis detallado de la industria durante 2023. Basado en datos del Sistema de Información y Registro Cinematográfico (SIREC) y CADBOX, gestionados por la Asociación Colombiana de Distribuidores de Películas Cinematográficas (ACDPC), el boletín dibuja un sector que, aunque muestra signos de recuperación, sigue enfrentándose a las secuelas de la pandemia.

El segundo documento es una carta del Consejo Nacional de las Artes y la Cultura en Cinematografía (CNACC), dirigida a los miembros del sector. Allí, el Fondo para el Desarrollo Cinematográfico (FDC) presenta las decisiones tomadas tras analizar el comportamiento de la industria, incluyendo ajustes a los estímulos para proyectos en curso y una reestructuración de los recursos disponibles.

Hablemos de cifras, que parecen ser el termómetro que ahora define la “salud” del sector. Respecto del año precedente, en 2023, la asistencia a las salas creció un 27.7%, llegando a 53.87 millones de espectadores. Sin embargo, este número sigue lejos del pico prepandémico de 2019, cuando 20 millones de espectadores más acudieron al cine. Aunque alentador, el crecimiento no fue homogéneo: Barranquilla y Bucaramanga encabezaron el aumento, mientras que Bogotá apenas mostró una leve mejoría. Parece que la pantalla grande ha perdido parte de su brillo, reemplazada por el reinado de las pantallas domésticas y las plataformas de streaming globales.

En este contexto de contrastes, el cine colombiano tuvo sus logros y sus fracasos. Con 72 estrenos, rompió un récord, pero la realidad de la taquilla fue desalentadora: solo 636,195 espectadores eligieron ver producciones nacionales. En contraposición, las megaproducciones de Hollywood se llevaron el 93% de la taquilla, confirmando que la industria global sigue aplastando a la local.

El cine colombiano avanza, aunque en condiciones adversas. Los 7,013 millones de pesos recaudados por las producciones nacionales en 2023 reflejan la fragilidad de una industria que sobrevive gracias al aporte de los parafiscales recaudados por taquilla a través del Fondo para el Desarrollo Cinematográfico (FDC), su principal salvavidas, que aportó 39,776 millones de pesos. Estos fondos han sido esenciales para mantener viva una producción artística local que, día tras día, lucha por no sucumbir ante la maquinaria imparable del entretenimiento globalizado

El 2023 dejó muchas preguntas abiertas. ¿Qué tipo de cine busca el público hoy en día y cómo podemos llegar a él? ¿Cómo se sostienen nuestras historias frente al bombardeo de superhéroes y efectos especiales? Tal vez la respuesta no esté en las cifras. Tal vez reside en la cultura audiovisual que, como país, heredamos, consumimos, producimos y defendemos.

En septiembre, el CNACC anunció ajustes significativos para 2024. Debido a la disminución en la asistencia a las salas y la consiguiente caída en la recaudación, el presupuesto del FDC se reducirá en 3.465 millones de pesos, un 9% menos del monto inicialmente aprobado. Nuestro festival, por supuesto, se verá afectado: la ayuda destinada a que los equipos de las películas presenten sus obras en escenarios internacionales ha sido recortada en un 40%. En este contexto, nos encontramos debilitados, considerando que la presencia de los equipos de las obras es un pilar fundamental para darle vida y profundidad a nuestro evento.

Al igual que el país, el cine colombiano persiste. Sus historias siguen viajando, en busca de un público, ya sea aquí o en cualquier parte del mundo, que todavía crea en el poder transformador de la experiencia cinematográfica.