Dans ce film d’horreur, qui évoque le style gothique-tropical de Cali, Camila Beltrán aborde la puberté d’une jeune fille dans une société marquée par des croyances mystiques et religieuses. À travers le prisme de l’école catholique et de la baby-sitter de Mila, nous découvrons comment les mythes et les légendes de différentes cultures coexistent, créant un cadre propice au fantastique et à l’effroi. Dans cet univers surnaturel, la réalisatrice met en lumière la situation inconfortable que vivent de nombreuses adolescentes : le regard des autres. Grâce à l’utilisation particulière de l’image au ralenti et des plans très rapprochés, nous pénétrons dans un espace-temps propre à l’héroïne, avec des adultes vus de manière fragmentée et où le regard patriarcal devient finalement plus terrifiant que les événements étranges liés à l’éclipse.
Camila Beltrán, qui a participé à la 8ème édition du Panorama avec son court-métrage Pacífico Oscuro, est reconnue pour ses réalisations cinématographiques en lien avec les arts plastiques. L’esthétique de Mi Bestia rappelle les films à petit budget ou les “teen movies” des années 1990. Pour son premier long métrage, sélectionné pour la section de l’ACID (Cannes) en 2024, Camila Beltrán explore différentes techniques des films de suspense et d’horreur, jouant avec le son et la musique pour créer une atmosphère de confusion et de peur. Mi Bestia dépeint, de manière critique et parfois mélancolique, la société colombienne conservatrice et catholique de l’époque dans laquelle la réalisatrice a grandi. Dans ce mélange de genres cinématographiques, Camila Beltrán nous conte une histoire fantastique dotée d’une personnalité propre.
Laura Cárdenas