Yennifer Uribe nous présente ici un premier long métrage vif et sensuel où vivre son plaisir à fleur de peau s’apparente à un acte quotidien de rébellion et d’émancipation. La piel en primavera (Printemps de la peau) est centré sur le personnage de Sandra et la période de sa vie où, loin des préjugés sociaux que son statut de mère célibataire d’âge moyen pourrait éveiller, elle vit un état de grâce, de vigueur et d’épanouissement sensuel. Les lieux qu’elle fréquente chaque jour, comme le centre commercial où elle travaille comme vigile, sa maison dans un quartier populaire de Medellín, le bus que conduit son amant, exhalent tous une pesante monotonie, mais ils sont aussi les vecteurs de liens sociaux et de joie. Le film suit le personnage dans sa routine quotidienne, marquant l’arrêt sur ses endroits familiers et les objets qui l’entourent, sur les vêtements que Sandra achète en vue d’un rendez-vous ou d’une fête, sur l’ambiance sonore qui l’enveloppe. Nous constatons qu’au fil de ses pas dans la ville, de ses gestes pour faire le ménage, exercer son métier ou de ses sorties avec ses amies, quelque chose grandit en elle, une sorte de révolution née de l’érotisme et de la recherche du plaisir, éléments inaliénables de liberté et d’indépendance.
Yennifer Uribe Alzate est réalisatrice, productrice et scénariste. Diplômée d’un Master en Fiction Cinéma et Télévision de l’Université Ramón Llull de Barcelone, elle a également travaillé comme chercheuse, enseignante et directrice de casting. Son court-métrage Como la primera vez a eu sa première mondiale au festival de Clermont-Ferrand et a fait partie de la sélection officielle de la 5e édition du Panorama du cinéma colombien en 2017. En 2023, Yennifer Uribe Alzate a réalisé la série Amor Libre. Elle termine actuellement son doctorat avec une thèse sur les personnages féminins dans le cinéma latino-américain réalisé par des femmes entre 2010 et 2022.
La piel en primavera a été présentée pour la première fois dans la section Forum de la Berlinale 2024. Le film a également fait l’ouverture du Festival international de cinéma de Carthagène, le FICCI 63.
Diana Prada