Le premier long métrage de Fabian Hernández nous emmène dans une maison de correction de Bogotá, à la veille de Noël. Sa caméra s’accroche d’abord à plusieurs jeunes, puis se fixe sur Carlos, qui attend avec impatience l’autorisation de sortir pour passer les vacances en famille. Mais hors les murs l’attend aussi la rudesse des rues de son quartier, où règne la loi de la jungle. Carlos doit alors montrer qu’il a ce qu’il faut pour s’approprier les codes du mâle alpha, pour devenir un homme… malgré la nature très différente qui pulse dans ses veines.
UN VARON est une histoire d’oppression à tous les niveaux. La volonté de Carlos de retrouver sa famille semble être écrasée par le trafic de drogue, qui prend rapidement le dessus sur son destin. Le conflit entre deux petits barons de la drogue régit le quotidien de Carlos. Sur un plan plus intime, la situation est la même : poids, revolvers et blessures de guerre sont quelques-uns des éléments de la virilité omniprésente, qui étouffent toute possibilité de se comporter différemment et façonnent même sa façon de marcher (remarquable scène d’ouverture). Que nous reste-t-il comme espoir ? La rébellion, dans son regard et dans sa voix. Cette irrévérence, cependant, semble s’étouffer dans sa gorge et, peut-être pour cette raison même, nous craignons qu’elle ne suffise pas à Carlos pour s’en sortir indemne.
Mention spéciale aux dialogues et aux paroles du film, qui culminent dans la magnifique scène rap.
(Pablo Carrizosa)