“So foul a sky, Clears not without a storm.” « Un ciel si ténébreux ne s’éclaircit pas sans une tempête. » C’est de cette phrase de Shakespeare citée par Joseph Conrad que le documentaire d’Álvaro F. Pulpeiro tire son titre. C’est un voyage sensoriel à l’intérieur des frontières de la Colombie et du Brésil avec le Venezuela. La lumière trouble du ciel, présente tout au long du film, correspond à ces espaces abstraits et confus que sont les frontières où tout semble se passer dans l’ombre. Les clairs-obscurs et les cadrages évocateurs donnent un aperçu des pratiques et des dynamiques de ces lieux périphériques. Dotés d’une identité propre, ceux-ci vivent en marge des États et brisent le concept de nation. La contrebande, le travail au noir, la circulation de devises étrangères et l’échange de marchandises sont des formes de subsistance précaires dans une réalité qui contraste avec les nouvelles qu’on entend en fond sonore à la radio. La caméra, telle un exilé de plus, parcourt ces espaces liminaires et rencontre d’autres parias, dépourvus d’identité, qui s’inventent un foyer dans cette faille, ces limbes que représente la frontière.
So Foul a Sky, le deuxième documentaire d’Álvaro F. Pulpeiro, a participé à de nombreux festivals internationaux tels que le Festival International de Cinéma IndieLisboa 2021, le Festival international du Film documentaire de Copenhague, le Festival Internacional Olhar de Cinema de Curitiba (Brésil); le Festival international du Film d’Athènes, entre autres.
(Diana Prada)