Au sein d’un peuple qui puise dans les rêves pour trouver le sens de l’existence émerge une nouvelle conscience politique. Les femmes sont au coeur de l’oeuvre de Priscila Padilla. Biabu chupea: un grito en el silencio dévoile le cheminement des femmes du peuple autochtone Embera–Chami qui souffrent de l’ablation du clitoris et confrontent leurs coutumes, leur spiritualité, leur individualité à leurs aspirations émancipatrices.
« La terre est malade, le corps est malade » est le chant de Luz, qui a fui sa communauté après avoir tardivement découvert son excision. Les personnages filmés par Priscila Padilla circulent pourtant entre les diverses couches du film en toute légèreté. Des rituels ancestraux remémorés en milieu urbain, des mélanges discursifs entre la mythologie Embera et les données biologiques et anatomiques modernes se tissent pour nous offrir un objet cinématographique qui questionne la place de la liberté individuelle. (Valérie Vial et Antonio Quintana)