
À Río Turbio, une ville minière de Patagonie, il est interdit aux femmes de descendre dans le puits à cause du mauvais sort qu’elles y transmettraient. Sur ce bannissement, Tatiana Mazú González décide de faire un film, transformant la contrainte en une forte puissance créatrice. L’entreprise centrale consiste à donner une voix à ces femmes : des voix de sorcières en lutte qui entrent en rapport avec la mine elle-même, ce territoire matriciel réservé aux hommes.

Au fil d’images abstraites, cartes géographiques, plans de mines, conversations Whatsapp et séquences silencieuses de paysages désertés, le film devient une oeuvre topographique dans sa forme, et avec sa précision, il se construit comme un stratagème de guerre à l’instar du traité de Clausewitz. Río Turbio nous fait part d’un dialogue entre le visible et l’invisible, entre l’inaccessible et la réalité quotidienne de ces femmes. Actuellement, Tatiana Mazú González prépare deux nouveaux films : Todo documento de civilización et Dios autor de todo. (Paula Rodríguez Polanco)