Raudel vit et travaille sur un chantier naval à Bahia Honda, dans l’ouest de Cuba. Au même endroit, un phare, habité par son vieux gardien. Entre mer et terre, ces deux espaces liminaires se répondent et se questionnent : alors que le phare est un point de repère pour que les marins reviennent sur la terre ferme, les carcasses des bateaux sont retapées avec l’espoir qu’ils repartent un jour en mer. Les vestiges de ces vaisseaux fantômes, monstres monumentaux sortis des eaux marquées par des années de navigation, sont habités par les traces des hommes qu’ils ont un jour transportés, mais les lieux sont aussi investis par les souvenirs d’enfance de Raudel qui hantent ses nuits. Ses rêves et ses récits fantastiques font ainsi de ces limbes hypnotiques – et du film – un espace réel marqué par l’importance de la fiction. Les abysses ne sont pas très loin mais on n’y plonge jamais profondément.
Abisal est le dixième film d’Alejandro Alonso, jeune réalisateur cubain à la déjà très prolifique filmographie. Il a été sélectionné dans plusieurs festivals internationaux tels que Visions du réel, Clermont-Ferrand ou encore les Etats Généraux du film documentaire de Lussas, et a notamment remporté la Colombe d’or de la compétition internationale de DOK Leipzig.
(Anna Dodier)
